La circulade

De son héritage médiéval, CAUX a conservé d'importants vestiges chargés de poésie. Voici un circuit qui emmène le visiteur à la découverte de la circulade.

L'enceinte médiévale

Nous sommes sûrs, grâce aux archives, que le village était déjà fortifié en 1161. Porche de l'ancienne école libreLe rempart enserre le fort et les habitations ordonnées en cercles recoupés par trois axes principaux (la rue de l'Évêché, la rue Grimaud et la rue Émile Zola). A partir du XIXème siècle des habitations se sont construites contre et à l'extérieur du mur de ville, dissimulant en partie un ensemble pourtant considérable.

Un oeil curieux saura le découvrir. Son tracé circulaire est circonscrit par la Place de la République, le Boulevard du Puits Allier et le Boulevard Armand Durand.

Cinq portes, signe de l'importance du village, donnaient accès à l'enceinte. Quatre ont été démolies ; on peut voir leurs traces : rue de l'évêché, rue Émile Zola, rue Notre-Dame et rue de l'Église

La porte orientale subsiste toujours, c'est par elle que commence la visite. Percée dans la muraille de basalte, elle est formée d'un arc extérieur en plein cintre en calcaire coquiller, d'un mâchicoulis fermé par un arc en segment de cercle et d'une arrière voussure en plein cintre qui la datent du 12ème siècle.

Un écu marqué de trois fleurs de lys a été rajouté lors du rattachement du Languedoc au domaine royal, au sommet de l'arc.

Il est remarquable que cette marque du pouvoir royal ait résisté à la tourmente révolutionnaire. Cette pierre sculptée est donc une exception rare. La patine dorée de la porte tranche gaiement sur la lave noire de la muraille. Un chemin de ronde court toujours au sommet qui a perdu ses créneaux.

La rue des remparts

Un peu désaxée par rapport à la porte, elle longe, à droite, des maisons appuyées contre l'enceinte. A gauche, la muraille du fort épaisse de plusieurs mètres dresse ses pierres basaltiques sur douze mètres de hauteur. Il faut la voir au printemps ensoleillée par les touffes d'or des giroflées.

La porte du Fort

Elle s'appuie à droite contre les dépendances de l'église, à gauche contre l'ancien hospice. Moins archaïque que la porte extérieure, elle est remarquable par la longueur de ses claveaux (0,90 mètres au sommet) et leur disposition lombarde, en croissant, avec clef au sommet. A l'arrière, un arc surbaissé en grès dissimule un ancien mâchicoulis tandis que l'arrière voussure est entièrement appareillée en calcaire. Cette porte bien conservée surprend par la qualité du travail et du matériau. On laisse pour l'instant les marches qui conduisent au plan du château pour continuer tout droit et contourner l'église.

L'Église

Édifice roman de style lombard classé monument historique, l'église a été mise en chantier au 12ème siècle, au moment où la population s'est regroupée dans le fort délaissant l'église rurale de Sainte-Catherine. Elle dresse au sommet d'un promontoire un ensemble architectural d'une rare qualité, mis en valeur par le calcaire doré du pays. Une série d'arcatures soutient la façade nord sans l'alourdir. Au dessus, des modillons moulurés soulignent la corniche du toit. A leur rôle architectural, ils ajoutent eux aussi, une note esthétique en jouant au fil des heures, avec l'ombre et la lumière. Même élégance et sobriété pour le portail ouest à trois rangs de tores. De part et d'autre, on découvre les marques des tâcherons.

Le clocher de l'église de CauxLa façade principale se déploie sur le plan du château. On retrouve les arcades percées ici par les fenêtres. Un important clocher-porche du XIVème siècle s'appuie d'un côté sur deux piles massives, de l'autre, sur le mur Sud de l'église. Sa flèche de pierre s'est effondrée en 1829. La croix qui la surmontait orne aujourd'hui un angle de la place. Un élégant campanile en fer forgé (avec sa cloche du XVIIème) termine le clocher à 45 mètres de hauteur.

Il est temps d'entrer et de se laisser imprégner par la magie de l'architecture romane. Voûte en berceau brisé, corniche moulurée qui vient faire retour aux tailloirs des chapiteaux à feuilles d'eau, chœur terminé en cul de four à l'appareillage parfait, profondes fenêtres romanes, arcatures en plein cintre de la nef dont le rythme est repris par les colonnes semi-engagées parementées avec soin. Tout ici concourt à l'harmonie : lignes, couleurs, lumière.

Aux XIIIème siècle, une chapelle latérale croisée d'ogive vient former le croisillon Sud du transept. Celle du Nord nous est parvenue dans l'état où l'a laissé le XVème siècle. Les six nervures, finement profilées retombant sur des culots sculptés apportent une aimable contribution au gothique languedocien.

En sortant il est bon d'errer un instant sur le plan du château et la place de l'église à moins que l'on ait envie de gravir le clocher aux cent marches (demander la clé à la mairie) jusqu'à l'étage de l'horloge d'où l'on peut jouir d'un vaste panorama, de la mer aux Cévennes.

La plan du Château, la place de l'Église

Démoli en 1677, le château a laissé quelques traces dans les maisons de la rue de l'église, une belle fenêtre renaissance au n° 9. Fenêtre à un battant, à meneau horizontal, décorée par une cordelière, deux grotesques et deux petites têtes, c'est un des rares spécimens de l'époque renaissance que les guerres de religion aient laissé subsister dans l'Hérault.

Le porche de l'église de Caux

A l'emplacement du château, se dresse la chapelle des Pénitents blancs. Cette confrérie est mentionnée dès 1645 dans un texte qui relate les cérémonies célébrant la reconstruction de la chapelle de Mougères.

 

Du moyen âge, on reconnaît la belle porte romane moulurée qui donnait accès au fort (plus tard Hospice) face au chevet heptagonal de l'église. A droite au fond de l'impasse, réapparaît la muraille percée d'une porte sans clef semblable à celle des remparts. En empruntant la rue de l'Église, la rue de la Foire et la rue Notre-Dame, on termine le tour du Fort.

La rue de la Foire

Dans cette artère, les maisons du côté pair s'adossaient au fort. Du côté impair où domine la pierre de taille, elles s'appuyaient au rempart. Ce mur abattu, elles se sont ouvertes et doublées de l'autre côté. De nos jours, elles ont deux façades et deux entrées, l'une sur la place de la République, l'autre rue de la Foire.

Au n° 19, on peut voir la maison du bailly. Au N° 21, trois hautes fenêtres au premier étage désignent le siège de la Justice Royale. Au rez-de-chaussée, une belle arche gothique, moulurée, donne accès au passage sous arcade qui servait de marché au XVème siècle. Dans la cour pentagonale (forme rare) une voûte en coupole surmonte la margelle du puits communal composée de quatre blocs adroitement ajustés. Au 23, naquit en 1751 Jean-Jacques CAUSSE, futur Général Napoléonien.

Jean-Jacques CAUSSE

Comme il dut s'amuser enfant, entre les étals dressés devant sa porte ! Plus tard, après une carrière tumultueuse de sous-officier, la révolution lui permit de donner sa mesure et d'atteindre le grade de général. Sa conscience de soldat et sa bravoure lui valut une fin glorieuse, à Dégo, en Italie, en 1796, sous le regard désolé de Bonaparte. Un tableau immortalisant la scène est exposé ainsi que le buste de CAUSSE, au château de VERSAILLES. Son nom est gravé sur l'Arc de Triomphe à PARIS. La copie du tableau occupe une place d'honneur, salle du Conseil à la Mairie.

Rue Notre-Dame

C'est une des plus pittoresques du village. Ruelles et impasses mystérieuses s'y amorcent. Au n° 8, les marches de la rue Lacoste dégringolent sous un passage voûté. Corniches moulurées, fenêtres à meneaux, linteaux de portes en contre-courbe, porte à bossages, forment un décor que l'imagination peuple de chevaliers et d'accortes servantes mais aussi de savetiers, bourreliers ou tisserands, de fileuses, repasseuses et brodeuses, de maréchaux ferrants. Le marteau du forgeron tinte encore, de nos jours, au fond de la rue Émile Zola toute proche.

Rue de l'Évêché

Elle permet d'accéder, par un passage sous arche, à l'impasse Lazare Carnot puis à la place du Bicentenaire. Rénovée, pavée, agrémentée de plates-bandes, la place est devenue un lieu de paix et de détente. Toutes les maisons qui la bordent, s'ouvrent aussi à l'extérieur de l'enceinte fortifiée, boulevard Armand Durand. Cela fait dire qu'elles ont la porte des morts qui donne sur la place, et la porte des vivants, sur le Boulevard.

Jean Pomarèdes

Si CAUX est fier de certains de ses enfants, notre cité ne peut guère s'énorgueillir d'avoir vu naître ici, le 7 avril 1801, celui qui, fils d'une famille respectable, deviendra le "bandit Pomarèdes". Il défraiera la chronique par des agressions et des meurtres de 1837 jusqu'à son arrestation, sa condamnation et son exécution sur l'échafaud le 18 février 1843, à PÉZENAS, en place publique.

1 incendie, 58 agressions, 35 tentatives de vols, 50 tentatives d'assassinat dont 3 réussies expliquent la sentence de la cour d'assises de MONTPELLIER.

Dans le passage voûté qui conduit au logis on peut voir, sur les pierres noircies par les flammes et la fumée, les traces de son premier méfait : l'incendie de sa maison, pendant la nuit de noël 1836. Il espérait, avec la prime d'assurance, éponger des dettes devenues criantes. Hélas, des besoins d'argent de plus en plus pressants le menèrent jusqu'au crime. Pour éloigner les soupçons, POMAREDES rentrait ostensiblement chez lui au n° 11 et ressortait plus tard, subrepticement, par une porte dérobée que l'on voit toujours, au fond, à droite de la rue Grimaud.

Le promeneur aimera contourner un îlot par-ci, grimper quelques marches par-là, à la recherche de vestiges que les habitants ont à cœur de remettre en valeur.

Au N° 6 de la rue de l'Évêché, une façade en lave recouverte imparfaitement de pierres de taille, étonne. A l'évidence, il s'agit de pierres de récupération, du château peut-être ? L'emplacement de marques de tâcherons à hauteur du premier étage, semble étayer cette hypothèse.

Au N° 11, voici l'habitat typique de cette rue, une entrée couverte, une cour et au fond, la maison d'habitation. Une plaque de marbre annonce la maison natale de Jean Pomarèdes. Un ancêtre tristement illustre !

Avant de quitter la cour, il faut remarquer le vieux puits encastré dans le mur et la petite auge de pierre qui lui rendait la moindre goutte perdue.

Au fond de la rue de l'Évêché, l'impasse Bedos de Celles nous invite à ouvrir une nouvelle parenthèse.

La famille Bedos de Celles

Pendant 121 ans, de 1668 à 1789, les aînés de cette famille se sont succédés comme seigneurs de CAUX, le dernier fut élu maire en 1789.

Deux autre BEDOS de CELLES se sont rendus célèbres. Henri BEDOS de CELLES, curé de la paroisse de 1694 à 1721 est considéré comme un bienfaiteur des pauvres du village.

Le bénédictin Dom François BEDOS de CELLES s'est acquis une notoriété d'homme de science et d'expérience. On lui doit l'un des meilleurs traités de Gnomonique qui existent. Son grand ouvrage, l'Art du facteur d'Orgues imprimé de 1766 à 1788 est une œuvre fondamentale qui fait encore référence de nos jours. La dernière réédition française date de 1976.

Rue Émile Zola

Au n° 16, une jolie porte en ogive, au n° 6, des têtes sculptées, un "planol" entre les deux maisons, le Plan Castanié, la perspective sur la rue de la Coste, font le charme de cette artère. C'est dans le plan que se trouve l'atelier du forgeron. Ici des centaines de roues en bois ont été cerclées de fer, des centaines de chevaux ferrés.

La rue fermée au moyen âge par une porte fortifiée, en a gardé des vestiges au bas de la rue. Ils permettent de repérer l'emplacement des remparts. On y voit les traces du "pous aguier" (déformé en puits allier) : le puits et son abreuvoir. 

Rue de la Révolution

On y parvient par le plan Castanié, lieu de regroupement, comme les autres planols, pour les troupeaux de moutons, au moyen âge. Au coin de la rue, l'immeuble qui fait angle est l'ancienne "Maison des Consuls". Une ogive conservée dans un mur, une colonne dressée près de l'entrée, rappellent l'importance de cet édifice. De la balustrade de la placette voisine on domine le plan des Consuls. Il est permis d'imaginer les électeurs se réunissant chaque année, le lundi de Pentecôte, pour choisir leurs trois représentants.

Élus pour un an seulement, les consuls n'en briguaient pas moins une fonction qui leur valait la première place dans les cérémonies locales qu'ils rehaussaient de leur tenue écarlate.

L'étroite rue de la Révolution monte et tourne, s'égare dans des impasses, s'épanouit en "planols" et rejoint la rue de la Foire. Plus de porte à franchir de nos jours pour emprunter les boulevards extérieurs.

La place de la République

Pour s'y rendre on passe devant l'imposant fronton du "jeu de ballon". Il dissimule la muraille de la ville. au sommet une échauguette à mâchicoulis, si elle ne sert plus à la défense, semble toujours veiller sur le village.

Par la place de la République, le boulevard Armand Durand, le Boulevard du Puits Allier, (Boulevard du "Pous ARGUIER") on fait le tour extérieur de la circulade.

Au passage, entre les maisons, au dessus de certains toits on aperçoit ce qui reste des remparts.

La visite du "vieux CAUX" est terminée. Mais CAUX est un village qui vit et ne cesse de s'étendre. Le promeneur curieux y découvrira d'autres centres d'intérêt.

Il pourra aussi déguster les fameux vins de Caux au caveau des Vins de la Place de l'Eglise.